Pêcher la brème au feeder à la belle saison : soyez positifs !

69960gr de brèmes de l'Ourthe (gardées dans 2 bourriches, mises en 1 pour la photo et être remises à l'eau)

Les beaux jours reviennent et les belles pêches de brèmes aussi. Ce mois de mars est souvent une excellente période pour voir à quel point votre bourriche est grande (je vous conseille néanmoins de remettre directement le poisson à l'eau, la fraie arrive !). La brème est un excellent exemple de poisson qui demande régulièrement au pêcheur des efforts importants pour la prendre et ... la garder sur le coup. Ces poissons ont un grand estomac qu'ils veulent remplir avant et après leur reproduction. Alors, vous devrez prendre conscience qu'avec elles, il faut pouvoir faire preuve d'un culot important pour réussir. Je vais me pencher sur son cas dans cet article, entre autres en analysant l'un ou l'autre concours qui ont vu mes bourriches être bien difficiles à soulever !


J'ai toujours aimé prendre du poisson, tous les poissons. Alors que certains se plaignaient de prendre des brèmes, ma passion et, ensuite, la compétition, m'ont appris à apprécier sa pêche : la touche est parfois difficile, le combat n'est pas ridicule comme certains disent et réussir de belles pêches demande un brin de tactique, ainsi qu'un choix précis des esches. Enfin, une brème peut être un très joli poisson ! En fait, c'est évident pour moi, la brème fait partie de ma vie de pêcheur !

Le matériel

Les cannes

La brème a une caractéristique qui va influencer le choix de la canne et le réglage du frein du moulinet : elle a une gueule plutôt tendre et donne de gros coups de tête qui favorisent les décrochages. De ce fait, pêchant la plupart du temps à la tresse, je n'aime vraiment pas les cannes dures et je n'utilise que des cannes à action de pointe progressive. Le mot d'ordre est douceur et encaissement des chocs ! De plus, dès que je sens que j'ai ferré une "grosse gluante", je desserre mon frein de 2 ou 3 crans pour qu'il laisse un peu partir du fil, surtout sur la fin du combat, lorsque cette première s'énerve et donne les plus gros coups. 

Les distances à atteindre sont parfois importantes. Heureusement, les cannes actuelles ont bien progressé et, pour presque vil prix, vous pouvez avoir une canne à action adaptée, donc un talon rigide pour aller loin et être précis et une pointe progressive, qui favorisera la détection des touches et l'encaissement des chocs (une Cresta Blackthorne Pro-N Heavy 3.90m est un modèle du genre). Sinon, côté rodbuilding, les blanks FT12 100 et FT13 110 de Rodbuilders Republic sont parfaits pour ce genre de pêche.

La canne JNSpecimen - Rodbuilders Republic FT13 110 en action avec un moulinet à sa taille, un Shimano Ultegra 4500 XSC rempli de tresse Guru 10/100. Canne à l'aise avec des feeders de 30 à 100gr + amorce, puissante et assez douce à la fois, capable d'aller très loin sans effort


Ne négligez pas non plus la qualité de votre épuisette : une tête large, un filet profond et, avant tout, des mailles douces pour protéger vos prises. Bânissez ces affreux filets en nylon noué, agressif à mort pour le mucus et les écailles des poissons !

Excellente tête Guru, très douce, solide et légère

Les moulinets

Faites-moi plaisir, oubliez les petits moulinets. Ici, on veut de beaux moulins, du Daiwa 4012 ou du 5000 d'ailleurs, minimum. Je privilégie même le "Baby Pit", sorte de mini Big Pit à carpe en taille 4500 ou 5500, voire plus s'il est léger. L'objectif est d'avoir du couple pour ramener des feeders relativement lourds et de beaux poissons, le tout sans se fatiguer excessivement, et de faciliter les lancers longs. Ici, désolé de le dire et d'insister, mais la taille, ça compte. Daiwa fait des merveilles, mais un Shimano Ultegra XSC 4500 ou XSD 5500 restent de solides références, surtout en version Ci4 (encore plus léger).

Tresse ou nylon

C'est officiel, pour la brème (et toutes les pêches autres que celles des très gros poissons), je suis passé à 100% à la tresse. L'avantage qu'elle apporte est tellement important qu'il n'y a plus aucune raison d'utiliser un nylon en corps de ligne. Selon la distance et les conditions, j'y noue une tête de ligne ou un arraché. Côté diamètre, il n'y a pas lieu d'hésiter : la tresse fera 10/100 et l'arraché minimum 28/100. Il est inutile d'aller plus bas et on gagne bien plus en fiabilité que ce qu'on perd en distance, si tant est qu'on perde quoi que ce soit. Côté tresse, ma préférence va à la Guru.

Montage, bas de ligne et choix des feeders

Vu que je pratique ardemment la compétition, je n'utilise plus que les montages coulissants et, ça tombe bien, dans la plupart des cas, ce sont ceux qui fonctionnent le mieux. Le mien est simple, car moins il y a de nœuds, moins on a de possibles emmêlements !

L'amorce et les esches 

Une amorce jaunâtre collante, accompagnée de 1.5L de casters et de 650gr de terreaux, ainsi que de gozzers blancs noyés (pas de couleur, je pêche ici aux Pays-Bas) ! C'est ce qu'il faut pour la brème en Meuse !


L'amorce

Être positif, c'est aussi ne pas se compliquer la vie à l'excès. Comme je l'ai dit et répété souvent, le secret ne réside pas dans l'amorce, mais dans comment on l'utilise. Alors, partez d'une bonne base du commerce, comme la Champion Feed Feeder Special ou Wonder Mix Jaune, ou encore de la Bio Mix, soit des amorces claires, collantes et sucrées.

Dans les zones pêchées par les carpistes, par eaux "chaudes", ajoutez 20% du volume de pellets moulus (ou une amorce method de qualité).

En périodes froides, foncez l'amorce avec une terre noire légère (le terreau est parfait).

La mouille de l'amorce est très importante : j'aime la faire avec un mélange eau/mélasse avec une proportion de 85/15 et je la fais en 2 à 3 fois :

1. La première mouille doit donner une impression optimale, une humidité "comme on veut*"

2. Après 20 minutes, il faudra remouiller jusqu'à obtenir de nouveau cet état optimal

3. 10 bonnes minutes plus tard, il suffira de légèrement retoucher l'amorce et de la passer dans un tamis 4mm

* "Humide comme on veut" : j'ai tendance à toujours bien mouiller mes amorces et je préfère presque toujours une amorce un brin humide à un mélange trop sec. Cela convient mieux à mon style de pêche et aux mélanges qui j'utilise. 

Tracer est également une option souvent utile pour déclencher des touches et/ou faire de l'appel. Le litou et la terre de somme sont vos amis. 

Je mets souvent le litou directement sur les esches (on voit ici les traces jaunes) - pour info, comparez la quantité de casters dans le récipient avec la photo précédente : j'ai utilisé plus de 1L en 4 heures


Les esches

On ne prend pas des mouches avec du vinaigre et les brèmes fonctionnent de la même manière. Vos esches de choix sont les suivantes :

1. Le vers de terreau : c'est une base dont je ne me passe jamais, tant dans l'amorce qu'à l'hameçon. Enfin, pour être plus précis, j'en ai toujours avec moi, mais il m'arrive, par eaux très froides, de très peu ou de ne pas du tout en mettre. Même haché fin, le terreau nourrit bien. Ceci étant dit, à la bonne saison en rivière bien peuplée, vous n'en aurez jamais assez !

Conseils :

Ne le hachez pas à l'avance par temps chaud, car il a tendance à tourner vite. 

Tamisez-les bien avant de les utiliser. Gardez le terreau fin, placez les vers dans une boîte à la lumière (mais surtout pas dans le soleil) : les terreaux s'enfonceront pour fuir ladite lumière et les déchets resteront à la surface. Débarrassez-vous de ces derniers et replacez les vers dans un peu de terreau fin avant utilisation.

Conservez vos terreaux au frais, mais surtout pas au froid (au minimum 8°C, jamais plus bas) !

Hameçon de 12, esché de 2 terreaux et de quelques asticots (ou casters)

 

2. Le caster : il est possible que le caster ne fonctionne pas bien chez vous. C'est typiquement une esche d'accoutumance et, si personne n'en utilise, il faudra un peu de temps pour que les poissons s'y intéressent. Ceci étant dit, son immobilité lui permet de sélectionner les beaux poissons et de ne pas être envahi par de la blanchaille

Conseils :

Si vous pouvez les acheter frais ou les faire vous-même, c'est mieux. En effet, les sachets de casters "conservés" sont plutôt mauvais et vous seriez étonnés de leur âge. J'ai gardé par curiosité un de ces sachets pendant 2 mois au frigo et les casters étaient comme neufs. Jolis, mais pas efficaces !

Au bord de l'eau, je garde mes casters dans l'eau pour éviter qu'ils ne continuent leur transformation. Je conserve ceux en trop dans leur sachet bien fermé, purgé de tout l'air, au frais dans ma glacière.

A savoir : plus un caster est foncé, moins il est dense. Sachez en jouer sur votre hameçon !

3. Le gozzer et les pinkies : l'asticot est la base de la base et on l'utilise vivant, parfois collé et souvent congelé. Vous aurez besoin d'une bonne quantité de larves avec vous pour satisfaire l'appétit des brèmes à la belle saison

4. Le maïs : j'en mets toujours un peu tout au long de ma pêche. C'est une esche que je tente toujours quand rien ne va et régulièrement au cours de ma session. C'est l'esche à bonne(s) surprise(s)

5. Fouillis et vers de vase ? En compétition, il faut en avoir. Leur pouvoir d'appel est très important. Par contre, si vous visez les très grosses brèmes, n'en prenez pas, ils ne seront pas souvent d'un grand secours


La pêche

Se préparer

De toute évidence, je vais passer le moment durant lequel vous allez prendre votre douche ou non. Faites-vous beaux, les brèmes le méritent ! Passons tout cela et reprenons le cours de la journée au moment précis où vous arrivez sur votre place. 

Bien s'installer fait aussi partie de la réussite : une station stable, avec une grande desserte et un bras-feeder rigide et bien positionné

Soit vous connaissez la zone par cœur et vos choix vont se faire assez rapidement, soit vous allez devoir consacrer un peu de temps à analyser l'endroit. Poser des questions aux habitués est toujours un bon début. En général, on ne vous dira pas tout, mais ce sera indicatif. Causez distances et esches, c'est le principal à connaître. 

 

Sonder

Le sondage est absolument nécessaire. C'est votre seul et unique outil pour pouvoir choisir précisément où vous allez pêcher. Vous devez trouver les cassures, les trous et les plateaux. Ma cible principale est le plat juste en bas de la pente ou, à l'inverse, le dessus. Un fond plat ou en légère pente est parfait. Dans le courant, cherchez la limite des veines d'eau, les zones profondes, etc. J'avoue ne vraiment pas apprécier les fonds bien plats, car, dans leur cas, la distance seule fait la différence. Souvent dans ce cas, il faut pêcher 10 ou 15 mètres plus loin ou plus court que la concurrence.

Sonder avec des plombs pour bien détecter la nature des fonds


Choisir ses lignes

De ce côté, je ne suis pas très compliqué : un bon montage coulissant avec une potence de 6-7cm remplit parfaitement les exigences du jour, à savoir : ne pas emmèler, être sensible et fiable. Une tête de ligne de minimum 28/100 et des bas de ligne de 14 ou de 16/100 avec des hameçons solides de 16 à 12 feront l'affaire. Oubliez la bijouterie si vous pensez pouvoir dépasser 15 kg de poisson, la brème n'est pas particulièrement délicate, surtout en rivière. Adaptez la longueur dudit bas de ligne à l'endroit : plus court en eaux stagnantes (50-60 cm), plus long dans le courant (75-100+ cm).

Un montage coulissant bien classique

Je teste actuellement un montage un peu différent, dont les hommes de chez Guru ont pas mal parlé lors de vidéos et que je mets à ma sauce pour les eaux calmes et le courant. Une chose est certaine, il n'emmêle pas et fonctionne particulièrement bien en rivière.

 

Amorçage de départ

Il fait meilleur, les brèmes sont actives, alors soyez agressifs ! Il faudra appliquer cet état d'esprit à toute votre pêche, de l'amorçage de départ à la fréquence de vos lancers et à la taille de vos feeders. Une brème qui n'a pas une table bien dressée devant elle passe à la suivante avec une facilité déconcertante. 

Donc, dès le départ, envoyez 4 ou 5 gros feeders remplis d'esches sur votre coup, et ce avant même de pêcher ! 150 grammes de terreaux, du maïs haché et 250ml de casters n'ont rien d'excessifs pour débuter correctement. Ce n'est pas une pêche d'eau froide, qui nécessite de la prudence et de la retenue !

Une poignée de caster et une grosse pincée de terreaux dans chaque feeders de départ, voire plus (maïs haché)


Varier la quantité d'esches et faire de l'appel

Un point très intéressant du rechauffement des eaux est que le poisson devient bien plus mobile et, donc, receptif à l'appel. Il cherche les sources de nourriture et un nuage de particules est particulièrement attractif. 

Un outil fantastique pour réguler la fréquence de vos lancers et éviter de s'endormir quand le rythme des prises diminue est le Catchclicker. J'ai bien dompté le mien et il m'est toujours d'une grande aide ! Commencez avec un tempo soutenu de 1 lancer toutes les 4 ou 5 minutes, histoire de créer de l'appel régulier. Dès que le poisson va rentrer sur votre coup, n'hésitez surtout pas à tester les esches et faire des panachés, afin de trouver ce qui fonctionne le mieux. En matière d'esche à l'hameçon et de temps dans l'eau, si vous pensez à quelque chose, testez directement votre idée. Ne perdez pas de temps ! Une chose encore, regardez toujours après combien de temps vous avez des touches, cela vous permettra d'adapter votre tempo. En effet, si les touches sont rapides, rien de sert de laisser la ligne au fond pendant 10 minutes. Inversement, si les touches interviennent après 5 ou 6 minutes, vous devrez savoir attendre et vous régler sur un interval +/- 7 minutes.

Un pêche d'antologie : 25 brèmes entre 1.8 et 4.5kg et 2 gobies, le tout en 5 heures. Ce fut épique ! La Meuse, quoi !

 

De nouveau, il faut régulièrement changer de rythme, mais quand les touches diminuent ou que le poisson se fait plus petit, un gros coup de boost sous forme de 2 feeders d'amorçage bien pleins d'esches permet souvent de réanimer le coup. Si cela ne fonctionne pas, c'est qu'il est certainement temps de changer de distance et/ou d'esches, voire d'ajouter du litou pour tracer pendant 3 ou 4 lancers.

Un autre chose : selon vos partenaires de pêche - plaquettes petites, moyennes ou grosses brèmes -, il vous faudra aussi changer le menu à la cantine : les petites plaquettes nécessitent de plus petites esches en moindre quantité pour éviter de les gâver. Utilisez donc de plus petits terreaux hachés très fin et n'exagérez pas en casters. Si vous avez affaire avec de grosses plaquettes (400-800gr), leur estomac est nettement plus extensible, hachez des terreaux moins finement, chargez plus en asticots et casters. Si vous tombez sur des grosses brèmes, dites-vous bien que ce sont souvent des morphales en quête de belles bouchées et qu'il est souvent fort difficile de trop les nourrir !

Les tirettes et autres aguichages fonctionnent souvent bien et vous ne risquez rien à essayer. Ceci dit, si vos esches à l'hameçon sont de piètre qualité, le meilleur réflexe est de les changer, pas de faire des tirettes. Les brèmes n'apprécient en effet pas de manger ce que d'autres ont déjà mâché ! A l'hameçon, pensez "cocktail" et "panaché" (et n'oubliez pas non plus de boire, il fait chaud). Des vers de terreaux bien remuants, des têtes de gros dendros, des asticots vivants ou noyés (j'adore ces derniers, qui fonctionnent souvent mieux que les vivants pour sélectionner les brèmes et autres beaux poissons), les casters de différentes couleurs (+ clairs = + denses) et du maïs. Vous avez le choix, mais les poissons mordent à ce qu'ils mangent, ne l'oubliez pas !

Une très grosse brème est une belle récompense ! Je décroche les miennes dans la tête d'épuisette, qu'elles ne quittent pas jusqu'à leur remise à l'eau !

 

Le plaisir généré par une partie de pêche à la brème réussie est très grand, n'en déplaisent aux quelques grincheux encore au bord de l'eau. La brème n'est pas un second choix et se défend très bien en rivière. Elle oblige à se sublimer pour s'offrir et elle vous forcera souvent à sortir des chemins balisés. En tout état de cause, forcez vous à oublier votre bourriche à la maison, car les brèmes ne supportent pas si bien d'y être enfermées pour un long moment, surtout avant, pendant et un peu après la reproduction. Du rythme, de la bonne nourriture et du respect, c'est ce dont la brème a besoin ! Bonne pêche à toutes et tous !

 

Une belle bourriche de 33 kg de brèmes à Peronnes - ici en concours - mais oubliez votre bourriche à l'entrainement, le poisson vous remerciera de cette attention (vous ne voyez jamais de bourriche de ma part en dehors des compétitions, car je n'en mets pas) !

 

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