Coup : la brème en rivière et à la grande canne !
La brème : certains la détestent,
d’autres l’aiment. Vous avez probablement compris dans quel camp je suis. Mon
but est de vous faire découvrir les plaisirs de cette pêche pas si «idiote et
sans finesse» que ça. A la grande canne et en Meuse, s’il vous plaît !
Il paraît qu’elle est gluante, qu’elle ne tire pas et
qu’elle fait puer la bourriche dans laquelle elle a séjourné. Si je vous dis
que c’est archi faux, vous n’êtes pas obligés de me croire, car c’est ma
passion qui parle. Ceci dit, elle n’est vraiment gluante qu’en étang, elle sait
tirer fort (allez en prendre une grosse au Quai des Ardennes et osez dire que
c’était facile et que votre 8/100 n’a pas souffert) et, pour l’odeur, elle est
victime de sa condition : un poisson ne sent pas la rose !
Comme d’habitude, cet article s’articulera autour de 3
chapitres : le matériel, l’amorce et la technique.
1.
Le
matériel
Rien de
bouleversant :
-
Une
bonne canne au coup de 8m ou plus avec des scions creux montés avec des
élastiques 1.2 ou 1.4mm pleins (rien ne sert de faire dans la dentelle, le courant est
fort, les flotteurs sont lourds et les poissons aussi).
-
Des
flotteurs plats de 2 à plus de 10g et des boules de 1.5 à 8g.
-
Un
plancher ou un panier stable avec des pose-cannes efficaces et solides.
-
Du 14
ou 16/100 pour le corps de ligne et du 10 ou 12/100 pour les bas de ligne. En
fait, il est inutile de pêcher plus fin car l’esche repose de 10 à 40cm sur le
fond. Le poisson ne fera donc quasiment pas la différence entre du 10 et du
14/100.
-
Des
hameçons solides : je vous recommande chaudement les Drennan Red Bream. La
taille : 16 – 14 ou 12.
2.
L’amorce
La
pêche de la brème en courant signifie souvent de jeter assez bien d’amorce dans
l’eau, surtout si le courant est fort. Heureusement, le principal composant
sera la … terre de taupinière et/ou de somme. La première est très
facile à récolter et gratuite. Choisissez-la foncée et bien collante. La
seconde est un poil plus difficile à trouver dans la nature. Le sous-sol de la
région bruxelloise en est rempli. Un peu loin pour aller en chercher ?
Votre magasin préféré se fera une joie de vous en vendre. La Van Den Eynde est
très bien. Sa teinte beige est parfaite pour l’été et l’automne. Elle est
relativement peu collante et elle nuage assez fort.
L’amorce
devra être lourde, mais pas question d’avoir un bloc de béton. Elle DOIT
travailler et s’ouvrir rapidement.
La
préparation pour 2kg de farine sèche :
Simple
et équilibrée, si je puis dire. Voici une base de qualité et le comment
l’utiliser.
600g
de chapelure blonde
600g
de BC collant
600g
de biscuit gras
200g
de millet rouge moulu grossier
ou
1
sachet de Van Den Eynde Record Argent
Il
faut la mouiller en plusieurs étapes :
1.
avec un mélange de 400g de TTX fin + 150g de chanvre gras moulu, le
tout ébouillanté avec 1.5L d’eau avant de partir à la pêche.
2.
20 minutes plus tard, il faudra ajuster la mouille avec de l’eau
froide, jusqu’à obtenir une préparation un peu surmouillée. Elle doit sembler
grasse et un peu «plaquante» (comme on dit chez nous) au toucher.
Préparation
de la terre :
Je
mélange 2 terres ensemble. Pourquoi ? C’est simple, je veux pouvoir en
modifier l’action mécanique selon mon désir. Des exemples :
1.
Je veux une amorce foncée et inerte (début de saison), alors la
proportion sera 80% de taupinière et 20% de somme.
2.
Je veux une amorce plus claire et qui nuage plus fortement (durant la
belle saison et quand le poisson mord bien) : rien de plus simple, je ne
mettrai plus que maximum 50% de taupinière dans le mélange.
La
mouille des 10 ou 12kg de terre :
Cela
paraît beaucoup, mais 10kg de terre ne représentent qu’à peine 10L bien
tamisés.
Un
bon pulvérisateur et une grande bassine seront vos auxiliaires. Ne remouillez
que 2 ou 3kg à la fois. Brassez bien et dès que la terre fera des gros
grumeaux, tamisez-la, elle sera prête.
Le
mélange de l’amorce et de la terre :
Utilisez
aussi 2 grandes bassines (40 ou 50L) pour ce faire. Brassez bien le tout et
tamisez avec une grosse maille. Bon courage !
Un
truc mécanique : si vous mélangez la terre à l’amorce maximum 15 minutes
avant d’amorcer, elle travaillera très vite dès qu’elle touchera le fond ;
par contre, si ce mix est fait 40 minutes avant l’amorçage, il sera plus
collant et travaillera plus lentement.
La
bentonite :
Je
l’utilise régulièrement pour recoller l’amorce de départ ou pour durcir les
boules de rappel. Utilisez-la avec sagesse car son pouvoir collant est
important.
Les
esches
Je
vous avoue que j’ai vraiment une préférence pour la combinaison «casters –
fouillis – asticots rouges et bronzés» pour mettre dans l’amorce et à
l’hameçon. Si vous n’avez pas de fouillis, ce n’est pas grave. Il suffit de le
remplacer par des petits asticots rouges congelés.
Il
ne faut pas oublier de prendre des vers de terreau. Ils peuvent faire des
miracles alors que rien ne permet de prendre une brème.
1L d’esches est parfait pour
pêcher 5 ou 6 heures.
3. La technique
a.
Le sondage
Je
remarque que cette phase très importante est souvent bâclée et que cette
négligence est la cause de bien des pêches ratées. Il faut sonder jusqu’à
pouvoir se faire une idée précise du fond. Le coup devra être plutôt plat et sa
pente nulle ou faible. Il suffit de 1 ou 2 mètres de long et de 50cm de large
pour faire votre bonheur. Les «billards» ne sont pas toujours des meilleurs,
par contre un coup qui remonte légèrement en aval sera propice à la pêche.
Positionnez-vous en conséquence, donc 1 mètre en amont du coup pour toujours le
prospecter de devant vous vers l’aval.
b.
L’amorçage
Dans
la plupart des cas, la brème est sensible au bruit. Un rappel lourd et bien
serré sera la clé de la réussite : il faut qu’il «tape». La régularité et
la précision seront la deuxième clé de la réussite.
Ø La tactique est assez simple :
disons que vous avez un seau de 17L rempli de votre mélange. Gardez 9L et la
moitié de vos esches pour le rappel.
Ø
Où amorcer ?
On entend très souvent qu’il
faut amorcer en amont de la canne car les boulettes coulent loin vers l’aval
avec le courant. C’est FAUX
2 raisons à cela :
-
La première est qu’une bonne amorce à brème est composée à minimum 60%
de terre. De ce fait, sa densité est très importante. Elle coule donc presque à
pic (on a testé au parc de la Boverie et les résultats sont impressionnants. La
boule ne dérive que de maximum 10cm par mètre de profondeur)
-
La seconde raison est qu’il est impossible de bien tenir sa ligne en
amont de sa place. On ne pêche donc qu’en aval. De plus, un coup à brème est
limité en taille : 1 ou 2 mètres de long au grand maximum. Si votre
amorçage est suffisamment lourd et travaille correctement, les gros poissons
vont se grouper «sur les boules».
Ø Le rappel
La plupart du temps, je commence à rappeler après 45
minutes.
La précision est fondamentale. Il faut
canaliser les poissons sur une ligne sinon vous allez les accrocher partout
sauf par la bouche. Décrochage et ramdam sur le coup assurés.
Il faut que la boule tape l’eau entre le scion et le
flotteur. Pas question d’amorcer 1 mètre plus court, cela doit être quasi sur
la bannière.
Il faut faire du bruit pour cette pêche. La
discrétion et la délicatesse ne sont pas de mise.
Qui dit rappel, dit régularité. Amorcer une
boulette toutes les 5 minutes est un bon début. Variez les quantités selon le
déroulement des opérations.
c.
La ligne
Sa
tenue
La
ligne doit être manipulée avec lenteur et précision. On ralentira sa
progression dans le courant ou, le plus souvent, on bloquera le flotteur. Le mieux est de prospecter le
coup de 20cm en 20cm pour connaître la position du poisson. Ensuite il faudra
s’adapter à ses humeurs.
Pêcher
à la «paresseuse», c’est à dire canne posée sur les repose-cannes, peut
s’avérer particulièrement payant, car la ligne est bien immobile.
Le
bas de ligne repose sur le fond. Parfois, mettre un plomb de touche «dessus»
est efficace. La ligne traînera donc de 10 à 40cm (touches trop rapides, mettez
plus de fond ; vous ne voyez pas les touches et ramenez des asticots
sucés, diminuez le fond).
Le
choix du flotteur :
Quand
les modèles plats sont arrivés sur le marché, la publicité disait qu’ils
permettaient de pêcher plus léger grâce à leur hydrodynamisme étudié. C’était
du marketing. Une flotteur plat de 8g remplace une boule de 8g, c’est tout.
-
Comment choisir son flotteur ?
C’est
simple, bloquez le dans le courant, scion à ras de l’eau. Si l’antenne se
couche avec le courant, augmentez le poids du flotteur … jusqu’à ce qu’elle se
tienne bien droite.
-
Comment plomber un flotteur plat ?
En
fait, un tel flotteur n’est bien équilibré que quand il est à la limite de
couler. Cette fois-ci, le trop n’est pas l’ennemi du bien. En fait, étant donné
que vous allez le tenir en permanence (c’est la seule contrainte d’un flotteur
plat), il aura tendance à toujours remonter un peu trop de l’eau, d’où le léger
surplombage.
-
Comment l’utiliser au mieux ?
Ce
flotteur permet de bloquer complètement la ligne ou bien de faire des
prospections lentes en laissant glisser la ligne de 20 en 20 cm. Encore une
fois, il n’est pas question de le laisser aller avec le courant, il doit être
tenu en permanence.
Et
les flotteurs «boule» dans tout cela ? Et bien, ils sont toujours
irremplaçables quand il faut faire une coulée et en dessous de 8g. Parfois
même, quand le courant est assez faible, ils sont les seuls permettant de
prendre du poisson.
Voilà, vous êtes parés pour
aller affronter une pêche de gros poissons en Meuse. Vos tabliers, bourriches,
tête d’épuisettes et pantalon vont sentir la brème … c’est votre femme qui va
être contente. Ceci me donne d’ailleurs une bonne idée : le prochain article
sera dédié à l’entretien de votre matériel. C’est votre femme qui sera ravie de
voir votre canne dans la baignoire.
JNS
trés beau commentaire y a plus qu'a
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