La Gestuelle à la pêche (1e partie)

On n’en parle pas assez souvent dans notre sport. La pêche étant fort technique, il est normal que la progression d’un pêcheur passe par un travail de ses gestes, afin que ceux-ci soient plus précis et rapides. Mais c’est qu’il veut nous faire faire de la compétition, ce type !!!!!!! Non, ce n’est pas mon but. Cependant, j’entends tellement souvent «m…., je l’ai décrochée» ou bien «je suis encore emmêlé …», que j’ai pensé que récapituler les gestes à faire ou à ne pas faire serait utile.




La pêche est un sport qualifié généralement de nonchalant. L’image du pêcheur couché sous un arbre est malheureusement tenace. On oublie que cette activité demande de la concentration, du feeling (comme disent les Anglais) et beaucoup de pratique, si l’on veut arriver à bien maîtriser son art.
Cette maîtrise passe par le sens de l’eau (primordial) et par une bonne connaissance de son matériel (secondaire). La première notion étant plutôt innée (on l’a ou on ne l’a pas, cela se travaille, mais c’est très personnel), je m’attarderai donc sur l’aspect technique. Ceux qui me connaissent savent que je n’ai pas l’habitude de laisser ce point au hasard : rater un gros poisson parce qu’on a bâclé sa préparation, c’est ce qu’il y a de plus râlant.


Le matériel


Je ne m’attarderai pas sur les marques à prendre, c’est une affaire de goût et de convenance. Par contre, disposer son matériel d’une manière logique autour de soi, c’est vraiment important ! Les esches et l’amorce doivent être à portée de main : les asticots sur une desserte quelconque à hauteur du pêcheur et l’amorce du côté de la main qui rappelle. Cela évite de se contorsionner pour aller chercher ceci ou cela et cela rend la pêche plus confortable. N’oubliez pas non plus que vous avez deux mains, il faut se forcer à les utiliser. Nombre de droitiers et de gauchers ne sont capables de se servir que de leur «bonne» main. Si on en a deux, ce n’est pas pour rien !
L’épuisette : ne la choisissez pas trop courte. Nos berges (malheureusement) bétonnées exigent la plupart du temps un manche de 4 mètres. Vu les prix actuels, il est difficile de s’en passer. Disposez la du côté de la main qui puisera le poisson et montez la en premier (faire cela avec un poisson au bout de la ligne n’est pas la gymnastique que je préfère. Etant distrait, je l’ai néanmoins pratiquée avec plus ou moins de bonheur ).
La bourriche : Pour le confort du poisson, préférez-les longues (au moins 3 m) et large. Pour la facilité du pêcheur, l’ouverture se devra d’être bien large (je connais des maladroits qui jettent leurs prises à côté).

La gestuelle


C’est ici que les choses se compliquent.
Quand on pêche sans déboîter, les choses sont simples : il suffit de tirer vers le haut pour ramener le poisson, … ou presque. Au delà de 6.5 m, il devient indispensable de déboîter, et ce afin de ne pas être obligé d’utiliser une ligne démesurément longue et peu maniable.




   1.      Les erreurs et ce qu’il aurait fallu faire
  §  Bien des fois, je vois le pêcheur ferrer et ensuite ramener le poisson en surface à longueur de canne. Lorsqu’il déboîte, il détend donc inévitablement sa bannière
ET UN POISSON DE DÉCROCHÉ, UN !
En fait, la technique la plus efficace est de ferrer sans brusquerie et sans trop relever la canne, évaluer les forces en présence, ramener le poisson en douceur en gardant le scion au ras de l’eau, déboîter et enfin l’amener à l’épuisette.
Pourquoi garder le scion le plus près de la surface et non pas le pointer vers le ciel ? Tout simplement parce que, en levant la canne, vous amènerez le poisson en surface. Celui-ci, paniqué, tirera bien plus fort et risquera donc de casser votre ligne (le coup classique avec les brèmes du Quai des Ardennes !

  §  Deuxième erreur très courante : afin de gagner du temps, je laisse ma ligne dans l’eau pour changer de fond.
ET LA LIGNE S’ACCROCHE DANS LA BOURRICHE OU DANS TOUT AUTRE OBSTACLE !
Sur berges bétonnées et propres, c’est faisable. Par contre, partout ailleurs, gare à l’accrochage et à la ligne abîmée par des débris quelconques.
Il est pourtant si simple d’accrocher l’hameçon à l’élastique qui est sur votre canne, de modifier ce qui doit l’être et, ensuite, de recommencer à pêcher. Perte de temps : quelques secondes. Précision du changement : 10/10. Risque d’accrocher : nul.

§  Si vous pêchez avec des lignes montées avec des olivettes, il vous est très certainement arrivé de remonter votre ligne emmêlée. Cela peut être dû à deux choses, en général :
- soit votre ligne est mal montée (on en reparlera dans le prochain numéro).
         - soit vous la laissez se placer (trop) seule. Il faut accompagner la descente de celle-ci durant le dernier mètre de mise en place. Cela permet à l’olivette de descendre à la même vitesse que le plomb de touche.


2.      Conclusions
§  Il ne faut jamais détendre sa ligne, et ce au prix, parfois, de positions artistiques.
§  Lors du travail d’un gros poisson, ayez confiance en vous et maintenez la pression.
§  Perdre quelques secondes pour éviter de gaspiller des minutes, cela est bénéfique pour votre rendement et, surtout, vos nerfs.
§  Allez pêcher le plus souvent possible afin d’améliorer votre technique. Cette dernière vous permettra sûrement de prendre des poissons inespérés, grâce à une gestuelle bien rodée.
§  Et enfin, prenez du plaisir au bord de l’eau, c’est l’essentiel.


Jean-Noël Schmitz

Publié dans le FP N°181

 

Aucun commentaire